Le chemin est sinueux

Ce soir-là je me suis aventuré le long des routes de campagne de ma région rurale.
Un épais brouillard s’était installé suite aux fortes pluies et à chacun de mes pas sur ces routes sinueuses, la surprise était omniprésente.
Ces routes ‘campagnardes’ sont souvent l’objet de parcours de rallye improvisés par certains jeunes et moins jeunes qui n’hésitent pas à affronter la mort à chaque virage rencontré.
J’ai moi même parcouru ces chemins à des vitesses vertigineuses accompagné par un voisin défunt et il est vrai que je ressentais une forme d’ivresse à affronter cette mort qui pouvait m’attendre à chaque instant.
Ayant dépassé le demi siècle, je n’ai jamais voulu passer mon permis de conduire et ai toujours privilégié les transports en commun ou la marche, cela m’a certainement été salvateur et peut-être et surtout pour d’autres personnes que j’aurais pu percuter de mon moteur qui n’avait parfois aucune limite.
Parfois je regarde certains reportages sur les sports dits “extrêmes” et cette tendance à vouloir se dépasser dans des défis de plus en plus dingues et avec les montées d’adrénaline que cela doit procurer. Je ressens, de manière complètement différente, ce besoin dans la jeunesse actuelle de trouver cette raison de vivre, de s’écrire dans l’histoire pour des causes souvent extrémistes, comme l’on et le font toujours certains psychopathes ayant commis des meurtres en série.
La peur est alimentée chaque jour par le monde que l’on nous offre ou impose et selon les cas provoque une forme d’immobilisme ou dans le cas opposé un besoin de dépassement qui pousse à trouver un sens à la vie parfois par les armes.
Le sens n’est il pas plus dans notre relation avec la terre, la nature et la contemplation que dans ces provocations à la vie ?
Le spirituel doit-il absolument prendre un sens destructeur et être interprété dans des théocraties créant des enfants martyres ?
J’ai le sentiment profond que notre salut viendra de notre capacité à communier à nouveau avec ce qui nous est offert chaque jour passé et dans les choses que l’on pense “banales” mais si importantes pourtant.
Redevenir acteur de sa vie, même dans le plus grand désespoir et entouré des personnes les plus diverses et chancelantes possible, communiquer nus quel que soient nos origines, ne plus regarder la route la tête baissée mais la redresser et redécouvrir et respirer à nouveau, voilà tout ce qui m’a permis de survivre et me le permet toujours … En sachant que la route reste sinueuse et quoi qu’on puisse faire, une des choses communes qui nous relie est bel et bien la mort… épicurien je le serai toujours, être sur un fil aussi… mais chaque réveil reste une chance